Média

La protection de la jeunesse dans les médias : pas au goût du Conseil des Etats

Bien que le Conseil national se soit déjà largement rapproché du Conseil des États, ce dernier a de nouveau décidé, lors de la session d'automne, de ne pas protéger correctement les enfants et les jeunes contre des contenus médiatiques inappropriés. Non seulement le Conseil des Etats s'oppose à l'étiquetage des jeux vidéo avec microtransactions et refuse d'inclure des expert*es en tant que membres permanent*es dans les délibérations sur les dispositions relatives à la protection de la jeunesse. Le Conseil des Etats a également supprimé de la loi la mesure la plus judicieuse pour la protection de la jeunesse dans les médias : Le renforcement des compétences médiatiques des enfants et des jeunes. La protection de la jeunesse dans le domaine des médias est donc revenue à la case départ.

Promouvoir les compétences médiatiques et renforcer l’action autonome

L'investissement le plus durable et sans doute le plus efficace dans la protection des jeunes face aux médias consiste à donner aux enfants et aux adolescent*es les moyens de prendre des décisions responsables. Elles*Ils ont besoin de compétences solides pour gérer les offres et les possibilités illimitées du Web en matière de films et de jeux vidéo, notamment parce qu’elles*ils les consomment souvent seul*es ou avec des jeunes de leur âge. Ce n’est qu’en disposant de compétences et de connaissances médiatiques que les jeunes et les enfants peuvent se protéger au mieux et agir de manière autonome.

Les microtransactions : Protéger les enfants des risques liés aux jeux et les parents des pièges de l'endettement

De nos jours, les jeux vidéo peuvent souvent être téléchargés et joués gratuitement dans les magasins d'applications ou sur Internet. Ces jeux génèrent de l'argent grâce à des microtransactions intégrées (par exemple, des achats intégrés ou fonctions "pay-to-win"), qui vient directement les enfants et  adolescent*es. Cela fonctionne grâce à des astuces psychologiques et des stratégies issues du secteur des jeux de hasard (par exemple les "loot boxes") et les jeunes ne sont généralement pas conscient*es de la somme qu'elles*ils ont dépensée dans un jeu. Ainsi, des factures de plusieurs centaines de francs peuvent rapidement apparaître "par erreur" (voir par exemple le reportage de l'émission de la SRF Kassensturz du 01.02.2022, en allemand). Selon le Conseil fédéral, les parents ou les tuteur*ices légaux*ales ont ici une responsabilité. Elles*Ils ne peuvent toutefois assumer cette responsabilité que si les microtransactions sont signalées, ce que refuse le Conseil des Etats.

Intégration d’expert*es lors de l'élaboration de réglementations sur la protection des mineur*es

Pour parvenir à protéger les enfants et les adolescent*es contre les contenus médiatiques inappropriés, il est indispensable d'associer de manière permanente des expert*es indépendant*es du secteur à l'élaboration des réglementations relatives à la protection des mineur*es. C'est la seule façon de garantir que les intérêts concernés - y compris ceux des enfants et des adolescent*es - sont préservés et que les intérêts économiques ne prévalent pas.

La suite ?

Le Conseil des Etats a supprimé de la loi ces trois points centraux de la protection de la jeunesse, rendant ainsi impossible une protection efficace des jeunes. L'affaire (20.069) sera prochainement rediscutée par le Conseil national et le Conseil des Etats, et en cas de divergences persistantes, fera l'objet d'une conférence de conciliation lors de la dernière semaine de session. Avec la position intransigeante du Conseil des Etats, il est toutefois difficile de croire que le renforcement des compétences médiatiques, les microtransactions et l'implication d'expert*es seront finalement inscrits dans la loi. Ceci au grand regret des organisations du domaine de l'enfance, de la jeunesse et des dépendances. Le CSAJ continuera toutefois à s'engager pour une meilleure protection et un renforcement des enfants et des jeunes sur Internet, dans les films et les jeux vidéo.

De nombreuses organisations s’engage pour une protection efficace des jeunes dans les secteurs du film et des jeux vidéo: Le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), Pro Juventute, Fachverband Sucht, Protection de l'enfance suisse, le Groupement Romand d’Etudes des Addictions (GREA), la Fédération Romande des Consommateurs (FRC), Stiftung für Konsumentenschutz et la Croix Bleue Suisse.